journaliste, homme de presse écrite, de radio et de télévision.
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BARNIER : coexistence avec MACRON, cohabitation avec LE PEN
« Si la porte est fermée, on peut toujours entrer par la fenêtre »…Cette expression familière a dû tourner et retourner dans la tête des dirigeants du rassemblement national ces dernières semaines.
Fort d’un score « exceptionnel » au 1er tour des législatives, ils se voyaient déjà à la tête du gouvernement et en étaient à se distribuer les ministères entre eux, lorsqu’un Front Républicain, qu’on pensait jeté aux oubliettes depuis des lustres, a refait surface…
Les Français se sont jetés sur les urnes comme jamais depuis 1981 pour barrer la route au RN. Enfin, pas tous les Français et notamment pas les militants du parti « Les Républicains » d’où vient d’émerger Michel BARNIER. Aussi celui-ci n’a-t-il pas à se renier puisqu’il n’a pas fait barrage au RN. Et ce dernier le lui rend bien, puisque c’est le feu vert donné par Marine LE PEN qui lui a ouvert la route de Matignon.
Résumons : via le Front Républicain, une majorité des électeurs a dit non, un non ferme, voire catégorique à un gouvernement RN. Non donc à toutes les mesures que BARDELLA apportait avec lui : tri dans les bénéficiaires des allocations sociales avec la fameuse « priorité nationale », suppression du droit du sol, rétablissement des peines plancher, privatisation de l’audiovisuel public… j’en passe et des meilleures.
Au lendemain du second tour, la porte du gouvernement était donc fermée à double tour. Qu’importe, une fenêtre, que dis-je une lucarne, restait ouverte. Et il a suffi qu’un Président en déshérence fasse la courte échelle au RN pour que celui-ci se retrouve dans les coursives de Matignon.
Ce n’est guère original que d’écrire que la vie du gouvernement BARNIER est dans les mains des députés RN ; et que déjà ceux-ci ne tardent pas à faire valoir leurs exigences. BARNIER a l’obligation de faire son marché dans le programme BARDELLA pour contenter celui qui est devenu de facto son véritable tuteur.
Si « coexistence » il va y avoir entre le Premier ministre et le Président de la République tant leurs options sont proches, c’est avec LE PEN-BARDELLA qu’une réelle « cohabitation » dure se profile.
Une chance pour la gauche ?
Alors se pose désormais la question de la Gauche et du Nouveau Front Populaire. Au sein de ce dernier, certains tels LFI -qui vise au premier chef l’élection présidentielle- ou d’autres qui n’y croyaient pas vraiment, ne s’en sortent pas si mal. Avec la complicité d’une large partie des macronistes, ils ont d’une certaine façon facilité le compromis -la compromission- MACRON-LE PEN.
MÉLENCHON, par son maximalisme, a-t-il tout fait pour éviter que le NFP gouverne ? Cela se dit, on peut l’imaginer, sans certitude tant cet homme donne à voir une pensée tordue.
Là n’est pas l’essentiel pour la gauche. Maintenant que le NFP est retoqué pour le gouvernement, il faut quand même écrire que son programme ne tenait pas vraiment la route. Ecrit sur un coin de table en quelques heures, largement inspiré du programme de la défunte NUPES, il était inapplicable tel quel . Minoration des dépenses, majoration des recettes, il avait certes belle allure. Mais qui y croyait vraiment ?
L’essentiel à ce jour pour la gauche, en tous cas pour ceux qui, en son sein veulent vraiment « changer la vie », c’est de se mettre, de se remettre au travail, de se remettre à réfléchir comme ce fut le cas dans les années 70 avant l’élection de Mitterrand et même dans les années 90 avant la victoire surprise de Jospin.
Comment conjuguer la nécessité de réformer un capitalisme devenu fou de par sa financiarisation avec un progrès social fondé sur une véritable redistribution des revenus et des richesses ? Et tant d’autres questions de fond cachées sous le tapis depuis des années.
Faire de la crise démocratique du jour une chance pour l’avenir…
Sylvain GOUZ
7 septembre 2024
MEDIΔGOUZ
Sylvain GOUZ a créé et anime MEDIΔGOUZ, la structure qui abrite ses activités de journalisme et de conseil media...